| Vivre à Gâvres en 2030
D’une rive à l’autre, il faut passer Plus de sardines ni de sardiniers Plus de thons ni de thoniers Mais des voiles et des voiliers Sur les pontons amarrés Qui ont remplacé les quais Où la flottille de chalutiers Fièrement pavoisée s’abritait Et donnait vie Au petit pays où j’ai grandi
Effluves de fleurs de sardines Senteurs d’œillets maritimes Poussées au large Par le vent de ma presqu’île Point d’ancrage qui me ramène Toujours à Gâvres Mon jardin des mers Coffret où sont solidement cultivées mes racines Dans cette ambiance marine Toujours imbibées par des embruns parfumés Qui m’imprègnent d’air salin
Côté port, ou côté jardin Petite mer, rivière des parfums Petite mer, véritable écrin Ne te laisse pas affalée Malgré tes digues fatiguées Livrées aux vents mauvais Quel combat titanesque livré Pour empêcher la mer d’avancer Et cette beauté de s’effondrer
La mer, il faut toujours l’apprivoiser
Combattante sans pitié, D’une brutalité invétérée Une prospective il faut nous trouver Pour ne pas inutilement s’agiter Se trouver à la dérive Aller à la côte, honteux et désorienté, Quelle peine Matelot (mat’ l’eau) Toi au courage, tu nous as pourtant habitué Les bras maintenant, tu ne va pas baisser! Presqu’île, il faut d’urgence te sauver Faire jouer les idées et la solidarité Pour ne pas te défigurer Oser inventer demain pour t’aider, Ne plus souffrir d’un décalage entre une image passéiste et la réalité Terre même de notre attachement de presque insularité Avec ses grains de folie et ses particularités C’est ici chez nous parce qu’on se sent aimé C’est la trace d’une grande liberté
C’est ici que sont mes racines Où mon empreinte s’est esquissée Liens indéfectibles pour les miens Glaneuse de côtes Dunes de sables émouvants Bouts du monde sans horizon Et pourtant si contenants Petite mer, parenthèse infinie de créativité Fais nous confiance pour trouver des solutions adaptées Pour ne pas te laisser sombrer Dans ce terminus de la souffrance et du passé Où tu es parfois plongée Notre beauté de l’enfance Nous n’accepterons pas de gâcher.
Mme Dominique Thomas-Padellec, le 27 février 2010 - 2 Avenue du Général Patton, 49000 Angers. Tél : 02.41.48.72.22 |
Georges Perros. ( Papiers collés 1, éditions l'Imaginaire Gallimard.) La Bretagne fait l'amour avec la mer. Lui fait honneur. Echange douloureux. Difficile. La terre attend la mer, non comme une fin de non-recevoir --- falaises anglaises, Pas de Calais --- mais l'une donnant et retirant à l'autre les derniers dés de l'immense jeu. La terre s'emmerre. Trompe l'homme. Provoque l'esprit. La mer est, sur notre pauvre terre torturée, le monument par excellence, l'éternité musclée, l'irrationnel pur, irrêvé.
Un Automne en Bretagne Une autre Bretagne s'annonce, plus vaste, plus rude, plus rêveuse aussi... Miracles des automnes de Bretagne que cette conjugaison de l'espace ouvert jusqu'à l'immense et de l'intimité retrouvée des feux clairs dans les cheminées. L'été est le temps de l'oubli de soi, de l'agitation joyeuse des amis et c'est très bien ainsi. Le temps suspendu de l'automne nous est comme une invite à retrouver notre âme. (Michel le Bris) Nous aimerions continuer cette rubrique pour chacune des saisons, merci de nous adresser vos textes.
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